Les tribulations de Séverine et des cendres de sa mamie
BLOQUÉE. De retour de Métropole, Séverine s'est retrouvée contrainte de garder l'urne contenant les cendres de sa grand-mère. En attendant d'être autorisée à la déposer dans le caveau familial.
(Dominique Chomereau-Lamotte)
Depuis 2008, la législation interdit aux particuliers de conserver, à la maison, les cendres de leurs proches. Sauf que dans les faits, il est très facile de se retrouver, volontairement ou non, « hors la loi » . C'est le cas de Séverine, 35 ans, contrainte de garder chez elle les cendres de sa grand-mère.
De quoi se taper la tête contre les murs! Depuis son retour de Métropole courant août, Séverine, 35 ans, ne sait plus à quel saint se vouer pour, simplement, se mettre en conformité avec la loi.
Les faits remontent au mois de juin, date à laquelle sa grand-mère décède dans l'Hexagone. Bien qu'elle ait vécu toute sa vie en Guadeloupe, sa mamie vivait, depuis quatre ans, dans une maison de retraite en Métropole, histoire d'être plus près de ses enfants. Séverine vit, quant à elle, en Guadeloupe et a profité de ses vacances pour visiter la famille dans l'Hexagone. Elle s'est ainsi proposée de rapatrier les cendres de la défunte lors de son voyage retour. Toute la famille est d'accord : mamie doit être inhumée dans le caveau familial, aux côtés de son mari, décédé quelques années plus tôt.
L'affaire semblait plutôt simple en apparence. Mais en apparence seulement. Première étape : obtenir de la préfecture du lieu de décès une autorisation de transport d'urne. Une fois le sésame entre les mains, se rendre au crématorium qui doit, au préalable, faire sceller l'urne par la police.
OBTENIR UN PERMIS D'INHUMER
2e étape : le transport en avion. Les consignes sont strictes : il faut voyager avec l'urne dans son bagage à main et pouvoir présenter les papiers : autorisation de transport, certificat de crémation, certificat de décès, demande d'inhumation, etc. Des précautions à peine nécessaires finalement. « Le personnel de la police aux frontières s'est montré tellement embarrassé à la vue de l'urne, qu'il m'a crue sur parole et n'a absolument rien vérifié : ni les scellés, ni les papiers, se souvient Séverine. J'aurais pu y glisser n'importe quoi! »
Sauf qu'une fois en Guadeloupe, les choses se compliquent encore. Severine se rend d'abord au cimetière pour connaître les modalités d'inhumation. En effet, depuis 2008, la loi lui interdit de conserver « durablement » , à son domicile, les cendres de sa grand-mère.
Elle veut donc faire vite. Elle apprend qu'elle doit se rendre en mairie avec le certificat de crémation, le titre de propriété de la concession familiale et le nom d'un fossoyeur privé. Par ce biais, elle devrait pouvoir obtenir un permis d'inhumer.
Problème : impossible de mettre la main sur le titre de propriété, qui visiblement n'aurait jamais vraiment existé. « Lors des enterrements précédents, la famille s'est à chaque fois arrangée avec la mairie, mais sans jamais vraiment régulariser la situation » , se lamente Séverine. Elle tente alors plusieurs services de la mairie et même le QG du maire. On lui répond que c'est compliqué car elle est trop éloignée du propriétaire du caveau qui était l'un des frères de son grand-père. « On m'a donc invité à faire une attestation sur l'honneur indiquant que ma famille est bien propriétaire du caveau dans la mesure où plusieurs de ses membres y sont déjà enterrés, précise Séverine. Cela devrait me permettre, si tout va bien, d'obtenir un permis d'inhumer, mais pas sûr que cela officialise le titre de propriété! » . Résultat : le temps que tout cela se démêle, Séverine demeure, malgré elle, et contre la volonté familiale, avec les cendres de sa grand-mère dans son salon.
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